Martine Coutier : Dictionnaire de la langue du vin.
D’abord à vulgaire, la langue du vin comporte de très nombreux termes qu’elle emprunte le plus souvent au langage courant et qu’elle met à sa propre sauce ! Quelques 780 d’entre eux sont ici recensés, définis, illustrés et commentés. Les définitions sont très éloignées de celles que l’on trouve dans les dictionnaires communs de la langue française, qui ignorent quasi-systématiquement le sens que leur donnent les œnophiles. Inutile par exemple d’y recourir pour savoir ce que votre voisin de table a bien voulu dire en qualifiant son vin de couillu, de distingué, de franc ou d’introverti ...
Le vin donne bien entendu lieu à toute une série de termes relatifs à la perception visuelle, olfactive et tactile. Le registre des métaphores est également très riches, qu’elles soient sensorielles, temporelles, spatiales, artistiques, … Mais le registre le plus impressionnant est celui des métaphores anthropomorphiques, sur lesquelles vous venez d’avoir un tout petit aperçu. La langue révèle la place si particulière du vin dans notre société, à tel point qu’on le qualifie volontiers avec des termes décrivant habituellement nos semblables. Car tout vin, qu’il soit aimable ou rude, discret ou bavard, est comme un convive de plus à table. Personnage vivant, on ne sera pas étonné que des mots tombent en désuétude, que disparaissent progressivement les paillets et les jansénistes, que s’effacent tous ces vieillots au profit par exemple des parkérisés, bodybuildés et autres vins de garage.
Martine Coutier a réalisé un très riche travail de recherche dans la littérature, dans les guides et revues spécialisées, dans les ouvrages techniques, pour produire ce dictionnaire qui explore le prolifique vocabulaire du vin avec une approche linguistique. Un ouvrage qui a du montant !
« La Nature est sur le point de rendre les armes face à la violente domination de l'Homme » résume Spencer Tunick, photographe connu pour son approche très personnelle du land-art, dans lequel il met en scène des foules nues.
A quelques semaines de la conférence de Copenhague, il met son objectif et son talent au service de Greenpeace, qui souhaite sensibiliser l’opinion publique aux menaces que font peser les changements climatiques sur l’environnement et les cultures. Il vient ainsi de mettre en scène quatre installations avec 700 personnes complètement nues dans les vignes de Bourgogne. Mais voyez plutôt :
Les images ont été prises au domaine du Château des Rontets, situé en Pouilly-Fuissé, et appartenant à Claire Gazeau et Fabio Montrasi, deux anciens architectes reconvertis dans la viticulture bio.
Marco Parenti : L’art de couper le fromage.
Si certains ont élevé la pratique de la découpe des cheveux en quatre au rang d’art, ce n’est rien comparé aux recherches qui furent nécessaires pour trouver les meilleures manières de découper un fromage en quatre, mais aussi en cinq, six, sept, etc., au regard de sa forme. Vous vous direz peut-être qu’il n’y a pas de quoi en faire justement un fromage. Qu’il suffit généralement de prendre un de ces couteaux à dents marqués « fromage » sur le manche ou la lame, et de couper des parts égales. Vous voilà donc prêts à faire subir à la pâte du fromage un véritable massacre en la pénétrant par toutes ces petites pointes. Massacre qui évoque ni plus ni moins à l’auteur que le « viol d’une vierge sans défense », ce qu’aucun gentilhomme ne laisserait faire !
Vous voilà prévenus, couper le fromage n’est pas un acte anodin. Il relève d’un véritable rituel que tout amateur un tant soit peu digne devrait maitriser. Choix des ustensiles en fonction du fromage, définition du plan de découpe selon la forme et le nombre de convives (car il s’agit d’offrir à chacun la même quantité avec une même proportion de pâte et de croute), et maîtrise absolue du geste au regard de la densité de l’objet du désir : ce traité mi-sérieux codifie la découpe du fromage à l’instar de l’ikébana pour la préparation du thé ou du kamasutra pour le plaisir sexuel.
Le vin est un sujet sérieux, qui en aurait douté ? Mais de là à ce que la revue Science & Vie lui consacre tout un numéro hors-série … Bien lui en a pourtant pris ! Car si certains articles s’adressent plus au néophyte, l’amateur dit averti y trouvera quantité d’informations passionnantes. Par exemple sur les mécanismes du goût, montrant à quel point il faut relativiser nos capacités à décrire les vins dégustés. Egalement sur l’histoire sept fois millénaire de l’homme et du vin, aux usages tour à tour rituels, alimentaires ou thérapeutiques. Sur la médecine, justement, avec enfin une synthèse objective des connaissances sur les effets du vin sur la santé, très loin des diatribes prohibitionnistes. Mais aussi sur les défis environnementaux que doit relever la viticulture. L’heure n’est en effet plus aux polémiques sur les usages de pesticides, la viticulture doit les réduire drastiquement. Il reste à savoir comment, le bio n’étant pas la panacée. Il en est de même pour les mutations climatiques, qui vont nécessairement conduire à des évolutions dans les pratiques.
Mais le vin n’est pas une boisson réductible à sa composition chimique, aussi complexe soit-elle (même si certains chercheurs travaillent sur l’élaboration de vin de synthèse). Il est aussi un art, résultant de la conjonction toujours unique des talents de la nature et de l’homme. Un aspect que Science & Vie n’omet nullement de prendre en compte, réconciliant les esprits cartésiens et les poètes.
Science & Vie, numéro hors-série La science du vin. 130 pages. 7 €.
Ségolène Lefèvre : Les femmes & l’amour du vin.
Si la place des femmes dans le monde du vin n’est aujourd’hui plus remise en cause, il n’en a pas toujours été ainsi. Vénus a souvent été tenue éloignée de Bacchus. Pour que les mentalités commencent petitement à évoluer, il aura fallu quelques réussites éclatantes de jeunes veuves que le destin a conduit a reprendre les rênes du domaine tenu par feu leur mari. Françoise de Sauvage d’Yquem, Louise Alexandrine Pommery, Barbe Nicole Cliquot ont amené leurs vins aux sommets et ont ainsi ouvert une voie de moins en moins étroite pour les femmes vigneronnes. Ce qui est vrai à la vigne et au chai l’est également pour la vente ou la sommellerie, où les femmes accèdent de plus en plus, et avec un talent justement remarqué, à des fonctions traditionnellement masculines.
Richement documenté, le livre de Ségolène Lefèvre propose une analyse mythologique, historique et sociologique très fine de tous les mécanismes qui ont, au fil des âges, tour à tour écarté ou au contraire ramené les femmes au vin. Et cela au travers de trois grandes thématiques : faire, servir et boire le vin. Trois domaines où les tabous religieux, les interdits moraux et les aprioris machistes ont souvent cantonné les femmes dans des rôles secondaires, quand elles avaient seulement le droit de jouer un rôle … Et le marketing de vins dits « féminins » n’est que le dernier avatar du sexisme en la matière.
Un autre intérêt de l’ouvrage réside dans le fait de donner la parole aux actrices de cette évolution, à des femmes connues et reconnues dans le monde du vin : Christine Valette (Château Troplong-Mondot), Clotilde Davenne (Domaine les Temps Perdus), Iris Rutz-Rudel (Domaine de Lisson), Béatrice Cointreau (by BC), Corinne Hennequin (L & Vin), Jancis Robinson (JancisRobinson.com) et bien d’autres. Il redonne à la femme sa juste place dans le monde du vin : une place centrale partagée avec l’homme. Car comme le conclue si bien Ségolène Lefèvre, « l’amour et la culture du vin ne sont ni masculins, ni féminins, ils sont bien au-delà des querelles sexistes ».
Les femmes & l’amour du vin. Ségolène Lefèvre. 184 pages. Editions Féret. 2009. 19 €.
Voir également le blog très riche de Ségolène Lefèvre : Boire et manger, quelle histoire !
Si les vendanges démarrent chaque année un peu plus tôt, il n’en est pas de même pour les FAV (nom de code pour les foires aux vins). Je ne pense en effet pas que la grande distribution va les avancer, puisqu’elles se percuteraient alors avec les opérations « rentrée des classes ». Déjà qu’un certain nombre arrivent en même temps que le paiement du dernier tiers des impôts … Et avec les FAV, nous arrivent bien entendu les nombreux numéros « spécial vins » de quasiment toutes les revues d’information, voire des quotidiens. Et cette année, avec la crise, l’amateur providentiellement éclairé par ses revues préférées est censé faire de réelles bonnes affaires.
Là je demande à voir. Car à première vue Bordeaux continue à truster les linéaires avec beaucoup de 2006 et 2007 dans de bouteilles de milieu de gammes. Les 2005 ont été assez peu vus l’année dernière et continuent à bouder les foires. Les Bourgogne restent également rares et les autres régions sont bien représentées en produits moyens, pas mauvais, mais pas extra non plus. Cherchez les « bonnes » affaires … De plus, je fais partie des gens qui croient (à tort peut-être …) que les choses ont un coût et un prix. Que si le vigneron veut vivre de son travail, il va vendre son vin à un certain prix. Que le système de distribution, qui va me permettre de trouver son vin à côté de chez moi, va faire pareil. Et qu’au final, la différence de prix que je vais éventuellement trouver dans une FAV ne vaudra pas les heures que j’aurais passées à éplucher les revues et publicités, ni celles à parcourir les linéaires (voir un article à ce propos).
Bref, en-dehors du Point concocté par Jacques Dupont (édition du 3 septembre, encore disponible chez de nombreux marchands de journaux), je ne me suis pas plus rué sur ces numéros spéciaux que je ne me ruerai sur les FAV.
Chablis, mais également Chinon, Morey-saint-Denis, Sancerre, Cahors, ...
et riesling du Palatinat sont notamment à la carte de ce numéro du Point.
Saluons néanmoins la naissance d’un petit (23 x 28 cm tout de même) nouveau dans le paysage : Terre de vins. Renaissance, devrais-je plutôt dire, car le magazine existe depuis 1999, mais il se focalisait jusque-là sur les vins du Sud de la France. Un changement d’actionnaire (le Midi Libre appartient désormais au Groupe Sud-Ouest) a conduit à une refonte complète de la ligne éditoriale. Et si le magasine était déjà remarquable, sa nouvelle dimension le rend encore plus intéressant. Désormais, il affiche son œcuménisme et sa volonté d’ouverture à « tous les vins et tous les palais » en se montrant « curieux et épicurien, attentif à ceux qui veulent découvrir, partager, et peut-être aimer ».
Ce premier numéro est nettement à la hauteur des ambitions affichées : mise en page impeccable, photographies superbes, invités de marque pour la rédaction des chroniques … Le duo Bettane & Dessauve signe une sélection très sélective au sein des FAV (difficile de faire l’impasse en cette période) et Bernard Pivot tient la chronique les livres (difficile de m’aligner). Mais une large part est laissée à la découverte des vignerons et des terroirs, avec de nombreux reportages et portraits, notamment de beaux portrait de huits femmes vigneronnes. La revue se prolongera également sur la toile, avec un site Internet dédié où de nombreuses informations viendront compléter les articles. Et tout cela pour une somme finalement très modique. La voilà, la bonne affaire de la rentrée !
Terre de Vins, bimestriel, 114 pages, 5 € chez votre marchand de journaux.
Participeront à ces journées des dizaines d'auteurs, dont Claude Chapuis (Vineyard trials, Le Chemin des vignes, ... ), Jean-Charles Chapuzet (Cahors, le roman du vin noir), Marc Lagrange (Le Vin et la mer), Ségolène Lefevre (Les Femmes et l'amour du vin), Gérard Oberlé (Itinéraire spiritueux), Paul Torday (Descente aux grands crus), Kilien Stengel (Oenologie et crus des vins), ...
Le samedi soir, la Confrérie des Chevaliers du Tastevin tiendra son Chapitre de l'Equinoxe, de la Plume et du Vin.