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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 18:29

VDV35.jpg Ah, je me voyais déjà… c’est ce que devait fredonner le vin au début du cinématographe. Comment ce compagnon de route des arts et des lettres ne pouvait-il avoir une place de choix dans le 7ème art ? C’était sans compter sur les ligues de vertu qui érigèrent l’autocensure en règle de conduite à Hollywood dès 1915. Mais C’est dans les années 30 que celle-ci s’est réellement institutionnalisée sous le poids de la puissante Ligue de la Décence Catholique puis du code Hays.

 

Dès lors, parler de vin au cinéma est devenu complexe outre-Atlantique. Scénaristes et réalisateurs durent parfois revoir leur copie ou user de stratagèmes pour passer des fourches caudines bien plus tolérantes envers des images de violence que de convivialité. C’est un véritable travail d’historien qu’il a fallu engager pour redécouvrir les projets initiaux de quelques films qui n’en sont pas moins devenus des classiques :


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Drink Wine, Young Man (1936).

 

Henry Hathaway envisageait de mettre en scène Mae West dans le rôle d’une représentante en vins et spiritueux. Dans une petite, elle rencontre Bud, un solide gaillard prénommé comme une bière qu’elle convertit aux subtilités du vin. Sa présence n'est pas du goût de tout le monde et surtout pas de celui de la fiancée du jeune homme, héritière d’une importante brasserie. Mais en 1936, les Etats-Unis sortaient à peine de la prohibition. Hathaway fut donc prié de revoir un peu le scénario, en jouant davantage sur le physique de Mae West que sur ses talents de dégustatrice, ce qui, tout bien pesé, ne fut pas pour déplaire au public.

 

gone-with-the-wind-1.jpg

Gone With the Wine (1939).

 

C’est en pleine Napa Valley que Victor Fleming  situait initialement l’action de Gone with the wine. Scarlett O'Hara, jeune fille de la haute société californienne, dont la famille possède les plus beaux coteaux, n'a d'yeux que pour Ashley Wilkes, le jeune œnologue récemment embauché. Alors que la menace d’une seconde guerre Mondiale gronde, les plans de la capricieuse Scarlett pour conquérir le cœur d’Ashley échouent. Trop vineux et trop proche des préoccupations géopolitiques du moment…  Victor Fleming transposa donc l’histoire dans les champs de cotons sudistes et dans les années précédant la guerre de Sécession.

 

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Wine-I-Go (1958).

 

Dans Wine-I-Go, James Stewart devait interpréter un ancien policier, alcoolique repenti mais souffrant désormais de phobie du vin. Cette phobie était au cœur d’une machination permettant de camoufler un meurtre en accident, avec la complicité de la très charnelle Kim Novak. C’est en réapprenant progressivement à gouter au vin que James Stewart allait lentement découvrir la vérité. Si l’idée de mettre en scène la déchéance d’un alcoolique plaisait assez aux producteurs, celle de son rétablissement au travers de l’œnologie avait été accueillie avec plus de réticences. Qu’importe pour Alfred Hitchcock, qui préférait de toute façon le whisky. Du vin au vertige il n’y eut qu’un pas et surtout le fameux « travelling compensé » de la scène du clocher.

 

Days-of-wine-and-roses.jpg

Days of Wine and Roses (1962).

 

Un vent de liberté souffle dans la société et dans l’industrie cinématographique dans les années 60. Blake Edwards n’a aucun mal à mettre en scène Jack Lemmon dans le rôle d’un alcoolique mondain. Sa rencontre puis son mariage avec la belle Lee Remick l’aideront à arrêter de boire. Mais très vite, il retombe dans l'alcool, entraînant son épouse avec lui. Si le producteur souhaitait une fin plus heureuse, pour rendre le film plus attrayant, il dût se résoudre à donner son accord pour son exploitation tel quel. Tant mieux, car même si le vin n’y tient pas le bon rôle, les performances des principaux acteurs y sont remarquables.

 

pee-wines.jpg

Pee-Wine’s Big Adventure (1985).

 

Plus près de nous, voici l’aventure d’un alcoolique surnommé Pee-Wine, parcourant le pays à bicyclette pour rechercher son tire-bouchon favori qui lui avait été dérobé dans sa collection. Certes, l’histoire avait quelques lacunes, les producteurs faisant notamment remarquer qu’un homme assoiffé pouvait se contenter de n’importe quel tire-bouchon pour assouvir sa passion. Tim Burton simplifia donc l’histoire en supprimant cet ustensile et en édulcorant un tout petit peu le personnage.

 

cyclesgladiator.jpg

 

Du charme, du charme, encore du charme et... un vélo ! Sans hésiter, c’est un vin de la marque Cycles Gladiators qui accompagnerait parfaitement la projection de ces films dans leur version initiale. Par exemple ce Cabernet-sauvignon opulent, bien charnu, voire charnel. Un vin qui est aussi un témoin vivant de l’évolution des mœurs, et surtout du rôle toujours pesant de certaines ligues de vertu. L’étiquette reproduisant une publicité du XIXème siècle est considérée dans l’Etat de l’Alabama comme… pornographique !

 

 

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commentaires

C
<br /> <br /> Quel boulot de documentation, c'est super, bravo ! Tu n'as pas parlé du film "Notorious" d'Alfred Hitchcock, sorti en 1946, dans lequel Ingrid Bergman noye dans l'alcool son chagrin de fille<br /> d'espion nazi, et où Cary Grant, en sa compagnie alors qu'ils sont dans une cave, casse une bouteille de Pomerol de 1932 contenant de l'uranium. J'ai failli en parler, puis me suis<br /> abstenue... <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
H
<br /> <br /> C'est un de mes films préférés du Maître du suspens, et je n'y avais même pas pensé ! C'est vrai que mettre de l'uranium à la place du Pomerol, c'est pas très tendance en ce moment...<br /> <br /> <br /> <br />

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