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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 23:31

Miss Tic : Parisienne.

Christophe Genin : Miss Tic, femme de l'être.
 

Elles vous interpellent dans la rue, avec une ironie tendre qui peut parfois prêter à rire mais vous donnent toujours à penser. Elles ? Ce sont ces femmes capitales, parisiennes tout en aplats de noir et de blanc que l’on croise parfois dans les quartiers populaires. Elles, ce sont ces mirages que l’on croirait sortis des magasines et qui, tout à coup au passage d’un mur un peu lépreux ou d’une porte cochère un peu sombre, se mettent à douter sur le sens de leur existence.

 

 

Elles sont filles de Miss Tic, ont largement atteint leur majorité (l’artiste a démarré ses travaux au pochoir sur les murs au milieu des années 80) et sont même parties en campagne électorale (série « Miss Tic présidente »). Elles sont désormais célèbres et travaillent comme mannequin pour Longchamp, Louis Vuitton ou Lamarthe, font de la publicité pour Ucar et Oberthur, posent même pour l’affiche du dernier film de Claude Chabrol : « La fille coupée en deux ».

 

                  

 

Et si elles voyagent beaucoup (V & A Museum de Londres, biennale de Venise, …), elles ne rechigneront pas à s’installer à demeure dans votre salon, même si leur regard langoureux pourrait vous donner envie de les inviter dans une autre pièce … puisque plusieurs livres leurs sont consacrés. Le titre du dernier en date leur rend hommage : « Parisienne » nous rappelle qu’il n’y a guère que Paris pour concentrer autant de femmes sexys et spirituelles. Spirituelles au point d’interpeller un philosophe qui a décidé de leur consacrer un essai, ainsi qu’à leur créatrice. « Miss Tic, femme de l’être » paraitra en octobre prochain et permettra de mieux appréhender ces femmes qui se promènent immobiles dans les rues parisiennes.

 

 

Parisienne. Miss Tic. 96 pages. Editions Alternatives. 2006. 23 €.

 

Miss Tic, femme de l’être. Christophe Genin. Les Impressions Nouvelles. 192 pages. 2008. 25 €.

 

Miss Tic expose des œuvres peintes sur des plaques de cuivre, jusqu’au 24 juillet, à la galerie Fanny Guillon-Laffaille, 4 avenue de Messine, Paris.

 

Voir son site officiel.

 

 

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15 juillet 2008 2 15 /07 /juillet /2008 23:01

Collectif : L’ange, démons et merveilles du vin.

 

 


 

 Groupe de recherche pluridisciplinaire sur les évolutions de la société contemporaine, les « Périphériques vous parlent » réalisent de nombreuses publications et animent régulièrement des conférences et débats qui peuvent toucher un large public. En marge, en périphérie, du conformisme médiatique actuel, se constitue ainsi un savoir vivant, évoluant en réseau autour de rencontres, d’échanges, de confrontations d’idées. Objet de discours avant d’être un produit de consommation, il n’est guère étonnant que le vin ait été choisi comme thème central du premier journal des PVP.

 

 

Nourrie par la fréquentation de Deleuze, Debord, Marx ou encore Baudrillard, la réflexion conduite par les PVP autour du vin aborde les questions soulevées par l’emprise croissante de l’économie de marché au niveau planétaire (on utilisait encore peu le terme de mondialisation) et le rôle du marketing comme façonneur des esprits et du goût. Dans ce contexte de nivellement, quelles sont les possibilités réelles des individus pour conquérir, ou pour reconquérir des espaces de liberté en tant qu’espaces de choix réellement personnels ? Bien qu’écrit voici près de 10 ans, ce petit ouvrage n’a donc rien perdu de son actualité (voir le récent entretien de Jacques Attali sur le sujet).

 

Articulé en deux grandes parties, il se compose d’abord d’un entretien autour de quelques bouteilles de vins naturels au regretté Ange-Vin de Jean-Pierre Robinot, à la manière d’une émission de radio. L’on y entend que le goût et les problématiques de conservation des vins naturels faisaient déjà débat voici une décennie, et que les producteurs intègres bataillaient autant avec les institutions qu’aujourd’hui. Plusieurs textes viennent approfondir cet échange dans la seconde partie de l’ouvrage, notamment sur le rôle croissant que prend le marketing au détriment du contenu. En effet, il déconnecte de plus en plus l’image du produit lui-même, à seule fin de justifier un prix, une valeur économique sans rapport avec la valeur d’usage qui devrait être, pour le vin, celle du plaisir que procure sa dégustation et son partage.

 

 

Des dégustations et du partage, justement, les PVP nous en proposent. Un cycle de rencontres-débats autour du thème de la créativité comme enjeu de transformation sociale s’accompagne de rencontres-débats-dégustations avec des viticulteurs. Sans surprise, on y trouvera des producteurs de vins naturels engagées pour le respect des plantes, des sols et finalement des consommateurs. Jean-Pierre Robinot, qui est passé du bar à vin à la vigne, est toujours un habitué des lieux. 

 

 

L’ange, démons et merveilles du vin. Ouvrage collectif avec Yovan Gilles, Jean-Pierre Robinot, Marc’O, Jean-Paul Rocher, Robert Manivel, Alain Braik.
130 pages. Jean-Paul Rocher Editeur. 1999. 9,91 €.

 

 

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 22:06

 

L’œnotourisme est à la mode, et c’est tant mieux ! Mais derrière ce néologisme se cachent des pratiques fort diverses qui ont bien évolué depuis l’ouverture de la première route des vins en Alsace dans les années 50. Il ne s’agit plus simplement de flécher un itinéraire le long duquel il n’est pas trop malaisé de trouver un viticulteur accueillant des clients, avec un musée du vin et des traditions populaires en point d’orgue.

 

 

     

L’IGN édite une série de cartes pour les 9 plus importantes régions
de production françaises (au 1 : 125.000ème), ainsi qu’une carte
générale des vignobles de France (au 1 : 1.000.000ème), entre 5 et 6 €.

 

L’œnotouriste du XXIème siècle veut gouter bien sûr, mais aussi apprendre à gouter (cours d’œnologie, voire d’analyse sensorielle), connaitre les travaux de la vigne et du chai de l’intérieur (initiation à la taille, démonstrations, visite des chais, de chaines d’embouteillage), se divertir (concerts, spectacles dans les vignes ou au château), découvrir la région (visites guidées du patrimoine, sentiers viticoles, survols en montgolfière), bien manger (restaurants gastronomiques) et éliminer de manière sympathique ce qu’il mangé de trop (balnéothérapie, œnothérapie), avec une offre hôtelière pour tous les goûts et toutes les bourses (ou presque).

 

Cet œnotouriste représente-t-il une chance pour les viticulteurs français ? Certainement, à condition que la qualité de l’accueil et la richesse de l’offre égalent celle des vins. Car l’appétence du public est bien là : les vignobles reçoivent 7,5 millions de visiteurs par an, d’après l’IGN. Voilà un potentiel que les viticulteurs ne doivent pas ignorer, même s’il leur faut parfois ajouter la corde du G.O. à leur arc...

 

 

La Revue des Vins de France propose chaque mois une ballade à la découverte d’un vignoble. Elle a eu la bonne idée d’en rassembler une cinquantaine dans ce hors-série du mois de juin. S’il arrive peut-être un peu tard pour guider le choix de la destination de vos vacances estivales, il orientera peut-être vos futurs aèretété’s (tant qu’il en reste) et week-ends. Les vignerons ne sont par contre pas très nombreux dans les 500 adresses proposées, et souvent centrés sur quelques grands noms. Un guide s’impose donc en complément de ce numéro si l’on ne connait pas bien la région en question.

 

 

Plus axé sur les bons plans que la RVF, et formant par là un compagnon intéressant pour ceux qui cherchent à maitriser le budget de leurs escapades œnologiques, le Petit Futé édite annuellement plusieurs guides sur des régions viticoles. Cet opus consacré aux routes du vin ne déroge pas à la règle : mise en page pratique et sélection soignée des adresses, avec un don particuliers pour dénicher partout les meilleurs rapports qualité / prix. A noter également le très intéressant Petit Futé « 1001 Vins à moins de 8 € » avec des cuvées de base d’excellents vignerons et des domaines ou des appellations parfois modestes, mais méritant souvent le détour.

 

Cent plus belles routes des vins. 744 pages. Petit Futé. 2007. 18 €.

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3 juillet 2008 4 03 /07 /juillet /2008 21:03

Premier road-movie œnologique, Sideways a déclenché outre-Atlantique un véritable engouement pour le pinot-noir, cépage adulé par l’un des protagonistes du film. Mais au-delà de l’anecdote, le film mérite d’être revu pour sa peinture mi-vin-doux mi-vinaigre qu’il dresse des rapports humains.

  

Deux quadras y partent en goguette à travers le vignoble californien, en guise d’enterrement de la vie de garçon de l’un d’eux. Miles, écrivain raté, dépressif depuis son divorce, mais œnophile confirmé, cherche à initier Jack à l’art de la dégustation, alors que ce dernier préfère goutter à quelques ultimes conquêtes féminines avant la fin de sa liberté et de sa jeunesse. Cette trame, dont on devine le potentiel comique, permet au réalisateur d’alterner des scènes désopilantes avec des moments plus graves. La vie intérieure des personnages est ainsi à l’image des décors, où se succèdent les paysages bucoliques des vallées viticoles traversées en Saab 900 décapotable et la chambre un peu glauque d’un motel d’un faubourg.

 

Le « trailer » commenté du film en V.O. *

 

Entre hédonisme et spleen, entre bonheur d’exister et crise de mi-vie, se dessine une voie finalement assez étroite pour nos deux compères à la recherche chacun de son graal. Et le plus fragile des deux n’est pas forcément celui qui fanfaronne le plus. A ce jeu, tout comme pour la dégustation, les femmes  s’en sortent bien mieux. Elles ont choisi plus surement la vie qu’elles veulent mener. Au terme de leur propre processus de fermentation et de maturation, les hommes finiront aussi par agir en homme, le chemin leur aura été plus profitable que le but. En ce sens, Sideways est bien un road-movie.


Sideways. Film américain (eh oui, ce n’est pas en France qu’on trouve des films mettant ainsi le vin à l’honneur) d’Alexander Payne (2005).
Avec Paul Giamatti, Thomas Haden Church, Virginia Madsen, Sandra Oh.


* Note: The trailer to this film was legally downloaded from IGN, and is only being used to represent the feel of the film during the review. It is not to intake profit, or claim that it is my own. A person is allowed to rebroadcast copyrighted materials if they are used for the purposes of criticism or parody, etc. A film review is a form of criticism, and this video critique doesn't violate copyright law.

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27 juin 2008 5 27 /06 /juin /2008 07:31

 
Les Vendredis du Vin sont un rendez-vous mensuel original où, chaque dernier vendredi du mois, les internautes (qu’ils soient bloggeurs ou non) sont invités à partager leurs notes de dégustation autour d’un thème commun. Version francophone, mais néanmoins internationale, des Wine blogging Wednesdays, ces rencontres virtuelles mobilisent avec plaisir chaque mois bon nombre de dégustateurs bien réels, présentant des vins bien réels également
. 

 

 

 

Pour ma première contribution, je me sentais peu inspiré par le thème du mois, qui était « Nul n’est champagne en son pays », consacré donc aux vins effervescents produits en-dehors de la Champagne. Car je dois ici confesser publiquement que je ne suis pas un bine grand connaisseur de vins pétillants et que ma préférence va très spontanément au meilleur d’entre eux, le champagne bien entendu. Sorti de cela, je m’arrête assez naturellement aux créments d’Alsace. Bien que je ne dédaigne pas, pour leur fruité incomparable et leur légèreté toute en fraicheur, les clairettes de Die.

 

J’ai donc décidé de tordre un peu le thème de ce VDV (que les organisateurs me pardonnent) pour le faire entrer dans celui de mon blog, et me suis mis en recherche de bandes dessinées traitant du vin. Et là, je dois avouer une seconde faiblesse : ma connaissance du 9ème art se limite à quelques grands classiques où le vin se fait fort rare. On boit bien de la cervoise chez les inventeurs du tonneau dont Astérix est le héros incontesté. Mais des bulles, on n’en trouvera que dans son « Tour de Gaulle » où le vin de champagne sert déjà à « baptiser les galères », avec suffisamment de pression pour que son bouchon mette K.O. un légionnaire romain. J’ai bien cherché du côté d’Adèle Blanc-Sec. Mais comme le nom l’indique, les personnages de Tardi boivent plutôt du vin tranquille, voire de l’affreux jaja. Jusqu’à ce que je tombe sur ... un manga !!!

 

 

Le jeune Joe Satake n’est pas seulement très beau, c’est aussi un sommelier surdoué à la recherche d’une madeleine incertaine. « Le vin que je cherche n’est pas ici » dit-il en refusant le titre de meilleur sommelier de France. Les années passent, les cœurs chavirent (il est tellement bôôô), sans qu’il n’arrive à trouver ce vin que sa mère lui avait fait déguster coupé avec de l'eau, alors qu’il n’était qu’un enfant. Au fil des chapitres et des volumes le scénario s’affine. Cette quête du Graal n’est pas dénuée de sensualité, notamment quand la bonification du vin avec le temps sert de métaphore pour le rapprochement des cœurs après les années de séparation. Sommelier est finalement une suite plus romantique qu’hédoniste.

 

L’histoire permet cependant de dérouler bon nombre d’informations sur le vin, ainsi que sur les arts de son élaboration et de sa dégustation. Chaque opus comprend également une notice sur les différents vins qui ont été cités au fil de l’histoire. Gageons que ce n’est pas que la beauté du jeune Joe qui aura, au pays du saké et du soleil levant, déclenché une vague d’intérêt sans précédent pour le vin chez les jeunes adultes, notamment chez les jeunes femmes. A quand ce type d’initiative au pays du bon vin de la douceur de vivre ?

 

                        

Et comme un bonheur arrive rarement seul, Sommelier connait aussi sa version féminine avec Sommelière. Et une nouvelle série, Les Gouttes de Dieu, fait d’ores et déjà fureur.  Si le sens de lecture japonais (on commence par la dernière page, en lisant le livre d’arrière en avant, et les cases de la droite vers la gauche) ne vous déconcerte pas trop, il y a là de belles bulles venant d’ailleurs à découvrir de toute urgence !

 

 

Sommelier. Araki Joh, Ken-ichi Hori, Shinobu Kaitani. 6 volumes. 260 à 300 pages. Glénat. 2006 – 2007. 7,50 €

 

 

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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 23:13
Kermit Lynch. Mes aventure sur les routes du vin.

Caviste et distributeur californien, Kermit Lynch se rend très régulièrement en France pour s’approvisionner directement dans le vignoble. Il a consigné les plus belles étapes de ses pérégrinations dans ce livre, devenu un classique de la littérature œnologique. Partant de la Loire et visitant les régions dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, il nous entraine dans un truculent tour de France. Bien entendu, on y lira avec délice les commentaires de dégustation et les anecdotes croustillantes. Le véritable intérêt du livre n’est cependant pas là.  

Outre ses voyages à travers les vignes et les caves, Kermit Lynch nous dévoile également son évolution dans la connaissance du vin. Contrairement à nombre de ses congénères, il sait faire preuve de modestie et reconnaître ses erreurs et errements passés. Peu à peu son goût s’élève, délaissant ces vins « énormes », riches en alcool, écrasant leurs voisins dans les dégustations à l’aveugle s’apparentant au speed-dating, pour se tourner vers des produits plus authentiques, bien que parfois un peu déroutants. Comme souvent, c’est une rencontre, ici avec un vigneron intègre, qui lui a ouvert les yeux, ou plutôt le nez et le palais, ainsi que l’esprit. Kermit Lynch aborde ainsi la question de notre rapport au goût et du pouvoir du mainstreem, en une réflexion bien plus profonde que celle promise par certain ouvrage récent sur une thématique proche.



Mais au cours de ses trois décennies de visites, il assiste aussi, témoin impuissant, à la disparition inexorable d’un monde, sous l’effet de l’arrivée dans les vignes et les chais d’une nouvelle génération, plus avide de profits immédiats que de vins de qualité. Cette tendance semble très nette dans les années 70 et 80, provoquant chez lui coups de gueule et coups de griffes, avec un franc-parler auquel nos chroniqueurs français ne nous habituent guère. Il semble fort heureusement que la plus récente génération de vignerons veuille à nouveau renverser la vapeur. Qu’elle revienne à des méthodes de culture et de vinification plus respectueuses de la tradition, sans pour autant jeter tous les apports de la modernité avec le sucre de la chaptalisation.

Vous reste-t-il des doutes quant à l’intérêt de vous jeter sur ce recueil d’aventures ? Laissez-moi alors tenter de vous convaincre avec l’aide d’Hugh Johnson qui s’avoue « sidéré par son mélange de poésie et de candeur », ou de Jim Harrison, grand amateur de vin et de littérature, pour qui « Mes aventures … » est le livre préféré sur le vin.

Kermit Lynch. Mes aventure sur les routes du vin. Préface de Jim Harrison. 324 pages.
Payot. 2004. 20€. Il vient également d'être édité en poche, dans la "Petite Bibliothèque Payot", à 9 €, raison de plus pour ne pas se priver du bonheur de sa lecture !

Ce livre est une réédition revue et augmentée de « Mes aventures dans le vignoble de France », sous-titré avec malice « Un Américain sachant cracher », paru en 1990 aux éditions Jacques Legrant.



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25 mai 2008 7 25 /05 /mai /2008 16:57

Frédérique Crestin-Billet : La folie des ...

                                                                ... plaques de champagne.

                                                                ... des tire-bouchons.

                                                                ... étiquettes de vin.

 

Certains amateurs collectionnent les millésimes d’Yquem ou les éditions spéciales des grandes maisons champenoises. Moins glamour, moins onéreux aussi, mais tout aussi obsessionnel, pour d’autre ce sont les objets du vin qui forment l’objet de leur désir. La bien-nommée collection « La folie des ... » ravira les placomusophile, les pomelkophiles et les œnographiles. Elle saura également intéresser les amateurs de beau et d’insolite.

 

 

Les premières bouteilles de champagnes étaient bouchées avec des chevilles de bois garnies de lin ou de chanvre, hermétiquement fermées par un cachet de cire. Elles furent ensuite remplacées par des bouchons de liège, au diamètre deux fois plus large que celui du goulot de la bouteille, enfoncées à la batte et maintenues par une ficelle. En 1844 Adolphe Jacquesson dépose un brevet qui va mettre fin aux problèmes liés à la porosité des bouchons ou au moisissement des ficelles : il invente le système de la capsule métallique et du muselet. Il ne se doutait certainement pas que cette petite plaque de métal allait être progressivement utilisée par les fabricants pour y graver, puis y tampographier et y sérigraphier leur nom, celui de leur localité ou de la cuvée, ou encore le millésime (une initiative de Pol Roger en 1906). Les plaques de muselet sont ainsi passées du statut d’objet technique à un véritable thème de collection pour les passionnés, se déclinant en dizaines de milliers de variantes dont environ 1.000 sont reproduites ici.

 

 

Le tire-bouchon répond à la fonction strictement inverse. Cet « outil séculaire et de bon sens qui retire l'obstacle au plaisir » offre lui-aussi une variété extraordinaire de formes, tant ses différents créateurs ont redoublé d'inventivité pour en assurer le fonctionnement et le rendre attrayant. Lorsque l’usage de bouteilles de verre fermées par des bouchons de liège se généralisé au 17ème siècle, il fallut bien trouver un ustensile pour ôter le précieux mais entravant cylindre. D’invention anglaise, le tire-bouchon semble avoir été inspiré par la mèche vrillée du tire-bourre, utilisé pour nettoyer le canon des armes à feu. Depuis lors, cet inséparable compagnon de tout œnophile n’a eu de cesse d’évoluer. Qu’il soit classique ou moderne, rustique ou high-tech, fonctionnel ou décoratif, il s’est lui-aussi mué en objet de collection.

 

 

Dans l’Antiquité, le vin conservé dans des amphores était identifié par des inscriptions au pinceau ou par l’apposition d’un sceau. Les étiquettes telles que nous les connaissons actuellement sont apparues elles-aussi avec les bouteilles de verre. D’abord manuscrites, elles se sont surtout développées avec l’invention de la lithographie, vers la fin du 18ème siècle. Essentiellement informative au départ, c’est grâce au Baron Philippe de Rothschild que l’étiquette prendra ses lettres de noblesses. En 1924, il instaura en effet la mise en bouteille au Château et fit dessiner l’étiquette de son vin par Jean Carlu, affichiste et figure de proue alors du cubisme en France. L’étiquette devint ainsi certificat d’origine, garantie de qualité, marque distinctive du cru, voire véritable œuvre d’art. La diversité et la richesse des étiquettes ont explosées depuis, artistes et graphistes faisant preuve d’une créativité presque sans bornes (mais pas toujours du meilleur goût …) malgré le cadre d’une réglementation de plus en plus stricte.

 

La folie des plaques de champagne. 374 pages. 2003. 9,90 €.

La folie des tire-bouchons. 384 pages. 2000. 9,90 €.

La folie des étiquettes de vin. 380 pages. 2001. 9,90 €.

Tous trois de Frédérique Crestin-Billet, aux éditions Flammarion.

 

Voir aussi l’article consacré au livre de François Morel : Les objets de la vigne et du vin.

 

 

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12 mai 2008 1 12 /05 /mai /2008 16:21

Raymond Dumay : La mort du vin.

S’il existe des vins que tout amateur devrait avoir dans sa cave, il en est de même pour quelques livres de grande garde. Celui-ci en fait indéniablement partie, car son contenu, loin d’être devenu obsolète avec les années, s’est largement bonifié, montrant toute la puissance de la pensée de Raymond Dumay. Il nous offre en effet des clés de lecture extrêmement pertinentes pour décrypter les évolutions du monde viti/vinicole depuis ses origines jusqu’à nos jour. Ecrit en 1976, l’ouvrage ne se voulait pas prémonitoire. Mais force est de constater que la rigueur et la justesse de l’analyse qu’y poursuit son auteur en font un livre à (re)découvrir d’urgence pour appréhender les liens entre le vin et les civilisations, depuis Sumer jusqu’à l’actuel phénomène des vins du « Nouveau Monde ».

Car Raymond Dumay nous rappelle cette évidence trop souvent oubliée : le vin qu’on vante, qu’on chante, qu’on achète et qu’on vend, que finalement on boit, est le vin du puissant. C’est toujours le vin du vainqueur, que la guerre ait été militaire ou économique, qui s’impose, indépendamment de ses qualités intrinsèques. Et il sait y faire, le vin, pour s’associer au sabre comme au goupillon, pour voyager dans les chariots des légions romaines comme pour charmer un chanoine, dans le seul but d’étendre son territoire.

Des preuves ? L’auteur n’en manque pas. Pour ne rester qu’en France, son principal terrain d’investigation, voyez comment les jurats de Bordeaux ont, par leur lois protectionnistes, réduit à l’état de misère les vignerons du pays-haut (vignobles de la Dordogne et de la Garonne). Ou encore, comment, par d’obscures alliances militaires, Bordeaux a obtenu la quasi-destruction des vignobles de La Rochelle. Vous pensiez le champagne plus vertueux ? Vous ignoriez par quels mensonges médicaux elle a réussi à évincer les vins de l’Orléanais de la cour royale. In fine, c’est bien tout le vignoble européen qui peut être vu comme une création de la guerre ! Et l’éloignement du barycentre du monde viti/vinicole de la « vielle Europe » que nous vivons actuellement ne semble être que le dernier épisode du feuilleton des alliances toujours renouvelées du vin avec les puissants du moment.

En associant le vin à un personnage et en suivant sa psychologie, plutôt que d’en faire un objet d’étude économique ou agraire, Raymond Dumay adopte une perspective originale, permettant de bousculer bon nombre de nos certitudes. C’est une histoire ancienne qu’il nous conte, mais sous un jour entièrement nouveau, avec lyrisme et précision, nous étonnant à chaque page. Un ouvrage essentiel qui, même près de dix ans après le décès de son auteur, n’a pas pris une ride !

 


 


La mort du vin
. Raymond Dumay. Préface et dessin de couverture de Jean-Claude Pirotte. 268 pages. Editions de La Table Ronde, collection La Petite Vermillon. 2006 (édition originale de 1976). 8,50 €.

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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 21:25

Anne-Marie Royer-Pantin : La Rose et le vin.

Le vin nourrit l’imaginaire depuis l’antiquité, démontrant à quel point il est symbole avant d’être boisson. Tant de mots ont été inspirés par la vigne et son nectar : descriptions des paysages où s’épanouit le pampre, évocations des travaux des vignerons, notes de dégustations, ... A travers les âges et les styles, qu’ils soient lyriques, nostalgiques ou admiratifs, toujours ces mots nous disent la bonté de la terre, la beauté du monde, le bonheur d’exister.

Les écrivains ont rarement le vin triste. Romanciers, poètes, chroniqueurs, essayistes, nombreux sont ceux qui ont démontré au travers la richesse et la diversité de leurs écrits à son propos, que le vin était bien le reflet de la culture à son plus haut degré. Quand ils ne cultivent pas eux-mêmes la vigne, à l’instar d’Alphonse de Lamartine, Montesquieu, ou plus près de nous Jules Romain, Pierre Halet, François Mauriac ... Le propriétaire de Château Malagar a perçu la tragique beauté de son destin : « A peine la vigne a-t-elle passé fleur, la future récolte couvre le coteau ; mais il semble qu’elle soit là comme ces jeunes bêtes que le chasseur attache et abandonne dans les ténèbres pour attirer les fauves : des nuées grondantes tournent autour des vignes offertes » écrit-il dans Le Nœud de vipères.

Anne-Marie Royer-Pantin a composé un admirable bouquet avec les plus belles et les plus évocatrices des lignes écrites sur la vigne et le vin. Un bouquet tel un voyage à la découverte de lieux (paysages, architectures) et de gestes (beaux-arts, travaux à la vigne et au chai, dégustation) en compagnie de belles plumes. 
 

  « Célébrer la rose et le vin, c’est rendre un même hommage à la Beauté,
c’est faire la part belle à la sensualité, à l’émotion, à la fascination, à l’esthétique ». 


La Rose et le vin
. Anne-Marie Royer-Pantin.
158 pages.
Editions Klincksieck. 2007. 17 €.

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20 avril 2008 7 20 /04 /avril /2008 14:43

Pierrick Bourgault : D’amour et de vins nouveaux.

« Se lit d’une main. De l’autre un verre de vin » nous avertit son éditrice, afin que nous nous aventurions dans l'univers très personnel de Pierrick Bourgault dans les meilleures conditions. Comme autant de récits de voyages, il nous offre là un recueil de seize nouvelles à l’érotisme délicieusement canaille. Le vin n’y joue pas les premiers rôles, mais peut-on lui en vouloir ? Stimulant ici les sens, faisant patienter là l’amoureux attendant sa belle, formant parfois un simple élément du décor, où s’absentant momentanément pour mieux revenir au chapitre suivant, il sait adapter sa présence et se montrer discret devant l’étreinte des amants.

Seize nouvelles et autant de tranches de vies, légères et joyeuses, ou davantage marquées par les accidents, mais toujours dynamiques et tendues vers la recherche de l’autre, vers l’union qui leur donnera ou leur rendra sens. Les corps se cherchent, s’apprivoisent, s’unissent, se séparent parfois, mais toujours les âmes savent que leur étreinte n’est pas veine. A la manière d’une gorgée de vin, elle leur aura donné, ne serait-ce que l’espace d’un instant, un aperçu de la promesse des Dieux. D’amour et de vins nouveaux est certes plus un livre de plaisir immédiat que de grande garde : il gagne à être dégusté sur le fruit, défendu bien sûr.



D’amour et de vins nouveaux. Pierrick Bourgault. 170 pages. Editions L’Iroli. 2007. 13 €.

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L'Œnothèque ~ Des livres et du vin ...

  • L’œnothèqueQuelques livres autour du vin : ouvrages pratiques, guides, essais, beaux livres, récits, romans, poésie, entre autres ... 
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    Invitation à la conférence de présentation du livre "Terra Madre - Renouer avec la chaîne vertueuse de l'alimentation" avec Carlo Petrini, auteur du livre, fondateur et Président de Slow Food et avec Gilles Fumey, professeur des Universités de Géographie...
  • Ephéméride du 8 au 14 août
    L'arrêté du 8 août 1962 attribue le label VDQS, Vin Délimité de Qualité Supérieure, aux vin des Côtes du Vivarais (Ardèche), qui accéderont à l'AOC en 1999. La loi du 9 août 1905 soumet les grands marchands de vins de Paris à l'entrepôt obligatoire à...
  • Ephéméride du 1er au 7 août
    La nouvelle réglementation européenne viti-vinicole est mise en place au 1er août 2009. Entre autres, elle autorise l’usage de copeaux de bois pour les vins AOC en France. Plus de 100 ans auparavant, une autre loi ne résolvait pas davantage les problèmes...
  • Ephéméride du 25 au 31 juillet
    Par le traité du 25 juillet 1840, le gouvernement de la Hollande affranchit de tous droits de douanes les vins, eaux-de-vie et esprits de France en cercles. Il réduit pour les vins en bouteilles le droit d'entrée de trois cinquièmes, et de moitié pour...
  • Ephéméride du 18 au 24 juillet
    André de Croonembourg vend le 18 juillet 1760 un clos exceptionnel, celui de la Romanée, à Louis François de Bourbon, prince de Conti, pour la somme de 80.000 livres (plus 12.400 livres de dessous-de-table). Un prix extraordinairement élevé à cette époque,...
  • Ephéméride du 11 au 17 juillet
    La loi du 11 juillet 1891 tend à réprimer les fraudes dans la vente des vins. Dicton du jour : Rosée du jour de Saint-Benoît est rosée de vin si tu m'en crois. 12 juillet, dicton du jour : Rosée du jour de Saint-Savin est, dit-on, rosée de vin. Tiens,...